Assises de la filière pêche et produits de la mer face à la libéralisation du marché du poisson ?

Ou plutôt les Assises de la pêche face à la libéralisation du marché des produits de la mer

Dans le programme très dense des Assises de la filière pêche et produits de la mer qui se tiendra le 23 juin 2010 à Paris, pas un mot sur la politique de libéralisation des échanges de l’Union Européenne. Pourtant, la levée des barrières douanières sur les produits de la mer aura des conséquences très importantes sur l’avenir de la filière pêche française.

Il est illusoire de tirer des plans sur la comète si le plus grand marché mondial du poisson devient une passoire pour tous les produits de la mer de la planète.

Il est même dangereux de faire croire aux pêcheurs français que tout le monde est dans le même bateau et qu’une interprofession réunissant l’ensemble de la filière permettra de résoudre les problèmes de la pêche française.

En présence d’Alain Cadec, député européen et rapporteur d’un document sur Le régime d'importation dans l'UE des produits de la pêche et de l'aquaculture dans la perspective de la réforme de la PCP, ces assises auraient pu être l’occasion de dénoncer la politique libérale de l’Union Européenne (qui a aussi des conséquences sur les pays exportateurs) et de préparer un programme afin d’organiser le secteur de la pêche française face aux importations massives et aux prix mondiaux défiant toute concurrence.

Des ONG d’Amérique latine dénoncent la fin des droits de douane pour l’exportation de crevettes d’Amérique centrale vers l’Europe

La nouvelle annonçant la levée des droits de douane pour les exportations de crevettes d’Amérique centrale vers l’Union européenne a rempli de joie les producteurs de ce crustacé en Amérique centrale et inquiète les défenseurs des écosystèmes marins et côtiers. Cette décision a été prise malgré une récente tournée dans trois pays européens (du 28 avril au 4 mai 2010) d’organisations de base regroupées sous le nom de REDMANGLAR (Réseau Mangrove) en Amérique latine et dans le «Réseau Asiatique Contre les Cultures de Crevettes» en lien avec des Ongs de l’Union européenne (UE) et des USA. Ces organisations s’efforcent, parmi d’autres objectifs, de définir une stratégie pour, au niveau de l’UE, réduire la consommation de crevettes d’élevage provenant des régions tropicales et subtropicales de la planète.

Ils espèrent ainsi réduire les impacts économiques, sociaux et environnementaux que ce type d’aquaculture entraîne sur la biodiversité et l’environnement en général. La délégation du Réseau Mangrove en a profité pour dénoncer l’extension des fermes d’élevage, en toute impunité, sur la mangrove classée zone protégée et site Ramsar #1000 au Honduras pendant les premiers mois de l’année 2010 lors de la saison sèche. Les éleveurs de crevettes ont détruit, avec la complicité du gouvernement du Honduras, des centaines d’acres de mangroves. Une des délégations participant à cette tournée a demandé au parti des Verts français d’intervenir auprès de l’UE pour réclamer l’augmentation des taxes d’importation sur les crevettes en provenance des états du Sud afin de proposer des produits plus chers au consommateur européen.

Celui-ci achètera alors les crevettes à un prix plus proche de leur coût réel et diminuera sa consommation. A la même période, les industriels honduriens de la crevette ont annoncé une rencontre entre le nouveau président du Honduras, Pepe Lobo, et l’UE qui a abouti à l’entrée des crevettes sur le marché européen sans droits de douane (Espagne, 19 mai). Les Européens continueront donc à consommer des crevettes sans en supporter le coût réel et pourront même en manger davantage, puisqu’elles seront si peu chères.

Les industriels de la crevette voient cette mesure comme un encouragement. Ils vont accroître leurs bénéfices et continuer à se développer en toute impunité, comme ils l’ont toujours fait, au détriment des zones humides, non seulement au Honduras, mais dans toute l’Amérique centrale car ils pourront vendre leurs crevettes comme si elles étaient élevées en Europe. Les Européens semblent peu se préoccuper des dommages que cela entraîne sur le climat, la biodiversité et l’économie des populations pauvres des pays du Sud. Tout serait différent si l’UE imposait des sanctions pour les délits sociaux et environnementaux, le respect des lois du Honduras, des accords internationaux et des aires marines protégées, un réel moratoire sur le développement des élevages dans les zones de mangrove et l’application du code de conduite de l’industrie crevettière elle-même, etc., mais nous pensons que ces mesures sont réservées aux effets d’annonce dans les conférences internationales ou à la promotion de «labels verts» pour la crevette.
Jorge Varela, juin 2010 dans Pêche et Développement n°88

Autres articles :

Information complémentaire :

  • 24 juin 2010 : Communiqué du Parlement européen
    Pêche: concurrence loyale entre importations et production européenne (Parlement européen)
    Les importations jouent un rôle essentiel dans l'approvisionnement du marché européen, toutefois la pêche et l'aquaculture sont des secteurs stratégiques qui ne se prêtent pas à une approche purement libre-échangiste. Selon le projet de résolution adopté mardi, les importations doivent satisfaire aux mêmes normes que la production européenne de poissons et que les produits de la pêche doivent être classés en tant que produits sensibles dans les négociations commerciales. La résolution sur le régime communautaire des importations de poisson, élaborée par Alain Cadec (PPE, FR) entend apporter des éléments nouveaux au débat sur la prochaine réforme de la politique commune de la pêche.

    Les importations satisfont 60 % de la demande européenne en produits de la pêche, indique la résolution. Toutefois, l'Europe doit assurer le maintien de "secteurs de la pêche et de l’aquaculture respectueux de l'environnement sur le long terme et économiquement viables", afin de contribuer à la préservation de l’identité culturelle des régions concernées, de fournir de l'emploi et de garantir des aliments sûrs et de qualité.

    La libéralisation des marchés exerce déjà un impact négatif sur l'économie locale de certaines régions qui ne parviennent pas à écouler leurs produits. En outre, les importations massives effectuées dans un contexte de concurrence déloyale sont susceptibles d'influencer les habitudes alimentaires des Européens, qui, en période de crise pourraient décider de se tourner vers des produits moins chers et de moindre qualité.

Image de la Nasa : Zone crevettière au Honduras en 1987 et puis en 1999

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Assises de la filière pêche 2010













Synthèse des débats de l’édition 2010 "Coopérer pour durer ?", cliquer Ici


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Assises de la filière Pêche et Produits de la mer 2011

Assises de la filière Pêche et Produits de la mer

La compétitivité et la durabilité de la filière

23 juin 2011

Paris

Le Marin / PdM-Produits de la Mer

Le marin et PdM-Produits de la Mer organisent le 23 juin prochain à Paris, Eurosites George V, les Assises de la filière Pêche et Produits de la Mer.

Rendez-vous annuel des acteurs économiques et politiques de la filière Pêche et Produits de la Mer (producteurs, transformateurs et distributeurs), l’édition 2011 réunira plus de 250 participants avec :

  • Un programme de conférences et de débats animés par les journalistes du marin et de PdM, avec pour principaux thèmes : la compétitivité et la durabilité de la filière
  • Des intervenants de haut niveau : dirigeants de l'ensemble de la filière, experts, politiques,...

Découvrez le programme et inscrivez-vous dès maintenant, en cliquant Ici

En partenariat avec le Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l'Aménagement du Territoire, le Crédit Maritime et le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins

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Débats animés par Céline Astruc, rédactrice en chef, PdM et André Thomas, rédacteur en chef, le marin

9.00 - 9.30 Ouverture

Bruno LE MAIRE, Ministre de l’Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche, de la ruralité et de l'aménagement du territoire

COMPETITIVITE DE LA FILIERE

9.30 - 11.00 Amont : face à la hausse des prix des matières premières, comment préserver la compétitivité des armements, mareyeurs et transformateurs ?

Pierre-Georges DACHICOURT, Président, CNPMEM

Philippe VIGNAUD, Président-directeur général, Groupe Vives Eaux

Pierre COMMERE, Secrétaire général, ADEPALE

Louis GUESDON, Député de Vendée

Daniel FASQUELLE, Député du Pas-de-Calais

11.30 - 13.00 Première mise sur le marché, contractualisation, ventes directes : quel modèle de commercialisation pour un meilleur partage de la valeur ?

Eric GOSSELIN, Directeur général, CME

Olivier BIGOT, Directeur des ventes, AME HASLE

Laurent BARANGER, Directeur général, RICEP

Pierrick JONCOUR, Vice-Président, CCI Quimper-Cornouaille

Un représentant de la Commission Européenne

13.00 - 14.30 Déjeuner

PECHE DURABLE : OPPORTUNITES POUR FILIERE

14.30 - 15.45 Production, transformation, distribution : quelles solutions pour réduire son bilan carbone ?

Gilles CHARPENTIER, Président-directeur général, Méralliance ; Président, Fédération des Entrepreneurs et Entreprises de France

Eric PARENT, Associé, Climat Mundi

Stéphane BARBUT, Président, SNCE

Un représentant de chantier naval

15.45 - 17.00 Certification, éco-labellisation et étiquetage carbone : des opportunités pour les produits de la mer français ?

Edouard LE BART, Directeur, Marine Stewardship Council France

Marc DURET, Directeur des achats marée, Carrefour

Adolfo VALSECCHI, Président-directeur général, MW Brands

Eric BERNARD, Directeur Qualité et développement durable, Oso

Dominique DEFRANCE, Délégué filière pêche et aquaculture, FranceAgrimer

17.00 - 18.00 Interprofession et marque collective : où en est-on ?

Jacques CREYSSEL, Délégué général, FCD

Gérard HIGUINEN, Président, France Filière Pêche

Philippe MERABET, Président, Coopération maritime

Philippe MAUGUIN, Directeur des Pêches Maritimes et de l’Aquaculture

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