DCP : dispositif de concentration du poisson adapté à la pêche artisanale

L'agence de développement canadienne, le Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI) propose un système de dispositif de concentration du poisson (DCP) bien adapté à la pêche artisanale des pays du Sud. 

Fabriqué à partir de produits locaux (bambou, feuille de palmier, bidon,...), ce type de DCP dit "léger" est adopté rapidement par les pêcheurs artisanaux, contrairement au DCP "semi lourd" fabriqué avec des matériaux coûteux le plus souvent importés.

Leurres artificiels et pêche artisanale

Introduction

La pêche non commerciale de subsistance (aussi appelée pêche artisanale) représente près de 50 % des prises de poisson au Brésil. La recherche aide à l'augmentation des prises d'une grande varitété de poissons, notamment les petits thons, la carangue, le dauphin et le requin, par les pêcheries artisanales le long de la côte du nord-est du Brésil. Elle vise surtout à mieux faire connaître la répartition et l'abondance du poisson et à favoriser l'utilisation de technologies améliorées comme celle des leurres artificiels.

Les leurres d'attraction ont été utilisés avec succès en Asie par les artisans pêcheurs pour attraper des appâts vivants et les thons. Le principe est simple : une structure est immergée et à mesure que les algues commencent à y croître, elle attire les alevins qui à leur tour attirent les poissons plus gros. L'utilisation des attracteurs est très répandue parmi les pêcheurs commerciaux de thon. Les artisans qui pêchent à la ligne et à l'hameçon ont maintenant recours à des structures simples et peu coûteuses.

Les leurres construits au Brésil sont des radeaux flottants en tiges de bambou de forme cylindrique de 3 mètres de longueur et de 1 mètre de diamètre. Sur cette construction est greffé un assemblage à queues droites de feuilles de cocotier séchées et de pièces de filets de pêche abandonnés. Les filets offrent une plus grande surface de prise des organismes flottants à la dérive et dont les petits poissons se nourrissent. Un fût métallique de 200 litres, rempli de béton, sert d'ancre à un seul leurre ou à un groupe de leurres, et est attaché à l'aide de cordages en acier et en polypropylène. Le leurre est installé à une profondeur variant de 100 à 300 mètres.

Dès qu'il y a sous le leurre une certaine concentration de thons et d'autres espèces de poisson, les pêcheurs peuvent capturer entre 100 et 200 kg par jour à l'aide d'engins de pêche munis de lignes et d'hameçons. Ceux qui pratiquent la pêche massive utilisent un bateau où un phare reste allumé la nuit pour garder le poisson concentré sous l'attracteur. À l'aube, le bateau fanal détache les feuilles de cocotier et les laisse dériver du leurre. Un autre bateau armé de sennes coulissantes entoure le bateau fanal de ses filets et remonte la prise de poissons. La ligne de feuilles de cocotier est retournée au leurre pour produire une autre concentration de poissons.

Les leurres peuvent prendre différentes formes et être fabriqués de matériaux divers, comme les radeaux en acier ou les bouées repères. Ils sont aussi utiles dans les lacs et les rivières d'eau douce pour capturer des espèces comme le poisson-chat, le poisson-castor et la carpe.

Au Brésil, des données sont recueillies sur la répartition, l'abondance et le caractère saisonnier de la population halieutique et des cours de formation sont offerts dans les coopératives locales de pêcheurs pour favoriser l'instauration d'un programme de pêche aux leurres.

Préalables

Les attracteurs peuvent être fabriqués à partir de matériaux que l'on trouve sur place comme le bambou, les branches de cocotier, les fûts métalliques et le béton. Il est essentiel de bien connaître la répartition et l'abondance du poisson de la région et de préparer des cours de formation sur l'utilisation des leurres d'attraction.

Utilisateurs éventuels

Les artisans pêcheurs, en particulier ceux qui pêchent le thon et d'autres espèces pélagiques.

Source : CRDI


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Le 22 août 2014

Martinique : Les DCP veulent se refaire une santé


Sur la douzaine de DCP dénombrés autour de la Martinique (il y en a eu entre douze et quinze dans les années les plus fastes), beaucoup ont souffert après les derniers courants qui soufflent plus que d'habitude sur l'île.

Source : France Antilles par Christian Tinaugus 

Le comité des pêches cherche à renouveler le parc de Dispositifs de concentration de poissons. 45 DCP attendent d'être financés.

Pas de pêche sans Dispositifs de concentration de poissons (DCP) à la Martinique. 80% de la production locale est réalisée grâce à ce matériel flottant construit en plusieurs points de l'île pour attirer la faune pélagique (thons, daurades, marlins, thazard...), ce qui prouve bien que ce système est de plus en plus utilisé par une majorité de professionnels. Devenus un peu vieillots avec le temps et incapables désormais de résister aux assauts des océans, beaucoup méritent d'être remplacés. Les responsables de la pêche locale ont, dans cette optique, monté un dossier auprès de la Région pour obtenir une subvention pour le renouvellement du parc. Si le Comité des pêches et élevages marins (CRPMEM) reçoit l'aide de la collectivité, il pourrait mettre en place un programme de réalisation de 45 ouvrages sur les deux ans à venir. Une procédure qui restait « compliquée » à mettre en oeuvre via le Fonds européen pour la pêche (FEP), il n'existait pas de d'aide publique pour ce matériel, ce que permet aujourd'hui le Fond européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP). Le comité profite ainsi du fait que les collectivités peuvent aujourd'hui financer les projets de ceux qui en font la demande. Sur la douzaine de DCP dénombrés autour de la Martinique (il y en a eu entre douze et quinze dans les années les plus fastes), beaucoup ont souffert après les derniers courants qui soufflent plus que d'habitude sur l'île.

« Oui de principe »

L'existant est constitué d'outils réalisés à l'initiative d'associations de marins pêcheurs, exploités par l'ensemble de la profession en dépit de leur caractère privé, contrairement à ce qui se fait à la Guadeloupe, où des équipements ne seraient utilisés que par ceux qui les ont mis en place.

Une autre partie du matériel a été aussi installée par la Région il y a deux ans. Les conditions climatiques contraignent à les remplacer constamment, ce qui a incité les élus de la pêche à se tourner vers l'Hôtel de Région de Cluny. « La Région nous avait donné un oui de principe. Mais budgétairement, les choses sont difficiles. Il nous faut des financements pour pouvoir boucler ce dossier et mettre à l'eau les DCP. À cause des courants, nous avons une très mauvaise année de Miquelon et de DCP. Il faut tout faire pour renouveler le parc avant la fin de l'année » , envisage le président du Comité des pêches Olivier Marie-Reine. Sachant que la durée de vie d'un DCP n'est pas éternelle, les quarante-cinq DCP ne seront pas opérationnels simultanément. L'idée est d'en programmer une bonne quantité afin de ne pas reconstituer à chaque fois un dossier de demande financement.

Pose d'un DCP. Il y a deux ans, la mise à l'eau d'un système au large des Trois-Ilets avait créé un petit événement pour les pêcheurs. Depuis, Le manque de matériel est toujours d'actualité.

Les DCP, ça fonctionne!

Vous lâchez un objet dans l'eau et vous observerez aussitôt que les poissons se regroupent autour. Ce phénomène, les hommes l'ont mis à profit il y a plusieurs siècles en le mettant au service de la pêche et ça marche!

Des Dispositifs de concentration de poissons ont été ainsi développés pour des pêcheries artisanales, soit sous forme naturelle (algues, débris végétaux...), soit construits par l'homme. Les premiers auraient été implantés à Hawaï en 1981. À la Martinique, on trouve en grande majorité des DCP ancrés. Ils nécessitent un équipement adapté pour leur mise en place. Aujourd'hui, nos marins pêcheurs ramènent plus des trois-quarts de leur produit de pêche, thons, maquereaux..., grâce à ce procédé.

Les Martiniquais en sont de gros consommateurs. Les DCP ont aussi l'avantage d'une pratique de l'activité toute l'année alors que la pêche à Miquelon ne dure que de décembre à juin.

Une quinzaine d'années de développement ont permis de démontrer l'efficience des DCP ancrés, d'améliorer progressivement leur technologie et d'approfondir les connaissances sur les mécanismes d'agrégation des poissons pélagiques.

Si les modèles de DCP légers ont progressivement évolué vers une longévité accrue, et une meilleure résistance aux courants, ils ont démontré leurs limites en matière de résistance aux forts courants autour de la Martinique. Des inconvénients qui s'ajoutent à une maintenance rapprochée, difficile à organiser, d'où la perte prématurée d'un matériel important.

Davantage de thons dans nos assiettes

Les DCP constituent l'avenir de la pêche. Et pour cause, 33% du territoire marin sont interdits de pêche à cause du chlordécone. Dans le même temps, les professionnels doivent faire face à l'invasion du poisson lion dont on incite de plus en plus à consommer. Un contexte expliquant que l'on est aux petits soins pour ce matériel. Une réalité qui explique aussi que le pélagique prend le dessus sur le poisson benthique (les poissons évoluant par bancs). On aura de plus en plus de thons et de thazard dans nos assiettes.

Pêcheurs acteurs

La politique du CRPREM vise à impliquer davantage les professionnels dans la fabrication et la pose des DCP. Des marins pêcheurs maîtrisent l'action de déposer et sont capables de répondre à des appels d'offre dans ce domaine, dit-on au siège du comité.

Les dirigeants font tout pour que ce soit une compétence locale reconnue tant sur la pose, la fabrication, que l'entretien. « Les pêcheurs pourraient être candidats en se regroupant, imagine déjà Olivier Marie. On est en train de voir comment faire juridiquement » . L'implication ne s'arrête pas là. Ils ont leur mot à dire sur les distances et leurs positions dès lors qu'il s'agira de les mettre à l'eau.

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Le 5 juin 2013

Thons et objets flottants : les liaisons mystérieuses

Source : IRD - Mai 2013

Photographie extraite de l'article Dispositif de concentration de poissons (Dcp)

Les thons sont connus pour se regrouper sous les objets, fixes ou mobiles, flottant à la surface des océans : troncs d’arbres, débris végétaux, boules de palangres, etc. Un phénomène que les pêcheries du monde entier exploitent depuis les dernières décennies. Pourquoi une telle attirance pour les objets flottants : les poissons y cherchent-ils un abri contre les prédateurs, viennent-ils s’y nourrir… ? Si les raisons pour lesquelles les thons s’associent à ces objets restent mal connues, des chercheurs de l’IRD et leurs partenaires européens et américains lèvent en partie le voile sur les mécanismes comportementaux impliqués dans ces agrégations. De premières études expérimentales révèlent en effet que le comportement social des thons jouerait un rôle majeur.
Une aubaine pour la pêche

Il y a plus de 2 000 ans, les pêcheurs romains utilisaient déjà la propension naturelle de certaines espèces de poissons à se rassembler sous les objets flottants, pour améliorer leurs prises en Méditerranée. Aujourd’hui, de nombreuses pêcheries thonières industrielles et artisanales du monde entier exploitent ce « phénomène agrégatif ». Ces trente dernières années, la pêche à la senne, notamment, s’est fortement développée grâce à l’utilisation massive d’objets flottants naturels dans un premier temps, puis plus récemment, de dispositifs de concentration de poissons (en abrégé DCP) suivis à distance à l’aide de balises électroniques. Aujourd’hui, ces objets flottants permettent 40 % des captures mondiales de thons tropicaux.
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Des temps de résidence très variables

Malgré l’importance des objets flottants dans le monde, les scientifiques ont jusqu’à présent peu étudié les mécanismes comportementaux impliqués, du fait de la difficulté de mener des observations et expérimentations en milieu océanique. Pour pallier ce manque de connaissances, les chercheurs de l’IRD et leurs partenaires ont mené de premiers travaux expérimentaux autour d’Hawaii, dans le Pacifique. Ils ont équipé d’émetteurs acoustiques plus de 70 thons albacores et ont montré que leur temps de résidence sous les DCP est, de manière inattendue, très variable : il est soit très court, de moins de trois jours, soit très long, jusqu’à 23 jours en moyenne.
Le temps passé sous un objet dépend donc soit de l’environnement, soit de la présence de congénères, sans quoi les thons resteraient une durée invariable sous chaque dispositif.
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Un comportement social avéré

Pour étayer ces premières avancées, les halieutes ont entrepris d’autres expériences en haute mer, dites de « choix binaires », jusque-là menées uniquement en laboratoire sur les insectes ou de petits poissons. Pour ce faire, ils ont ancré par paire des DCP identiques et distants de seulement 5 km, autour des Seychelles dans l’océan Indien. Ils ont alors comparé, grâce à des bouées équipées de sondeurs, la quantité de thons réunis sous chaque dispositif. Résultat : l’un des deux objets flottants fédère plus d’individus que l’autre.
La proximité des deux DCP permet de considérer que les stimuli externes, comme la richesse de la zone, sont similaires sous chaque DCP, ce qui a permis de mettre en évidence un comportement social de la part des thons. Une attraction à l’objet flottant seul aurait généré des distributions des thons identiques entre les deux objets.

Ces travaux sur les mécanismes comportementaux des thons permettent de développer des modèles pour évaluer l’impact des dispositifs de concentration de poissons sur les migrations et la biologie des thons, qui reste très mal connu. Ils permettront notamment d’établir si les DCP, utilisés par milliers par les pêcheurs, constituent des « pièges écologiques », capables d’attirer les poissons vers des zones peu favorables.

Partenaires
Université d’Hawaii aux USA dans le cadre du projet PFRP.
Fondation AZTI en Espagne et université libre de Bruxelles en Belgique, dans le cadre du projet européen MADE.
Références
Robert M., Dagorn Laurent, Lopez J., Moreno G., Deneubourg J. L. Does social behavior influence the dynamics of aggregations formed by tropical tunas around floating objects ? An experimental approach. In: J. Exp. Mar. Biol. Ecol. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology , 2013, 440, 238-243.

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The use of FADs in tuna fisheries

Parlement européen 

Note d'information

2014

Abstract

An analysis of the use of FADs in the tuna fisheries and a summary of available information on the likely influence of FADs on the ability of a fishing vessel to catch fish, is presented. 

Making use of the information held in tuna RFMO data bases, the extent to which FAD use in tropical tuna fisheries continues to expand and the effect of FAD use on targeted tunas and other accompanying species is provided.

Cliquer Ici pour télécharger cette note d'information du Parlement européen

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Le 9 août 2012



C’est dans l’archipel des Tuamotu, sur la commune d’Arutua que la direction des ressources marines a procédé récemment à l’ancrage du 500ème Dispositif de Concentration de Poissons (DCP) depuis le lancement du programme « DCP » en 1981. Dans la continuité du programme de soutien à la filière « pêche », établi par le ministère des ressources marines et sur sollicitation des professionnels du secteur, l’équipe technique de la DRM a procédé, durant le premier semestre 2012, à la pose de nouveaux Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP) en Polynésie française.

Cette campagne a débutée par l’ancrage de 5 DCP et l’entretien du parc des Iles Du Vent (IDV) : des interventions longues et délicates durant lesquelles les conditions météorologiques jouent un rôle prépondérant. Néanmoins, c’est avec le soutien des coopératives de pêches de chaque commune concernée (Pueu, Mataiea, Vairao et Mahaena) que l’équipe technique dirigée par Mainui Tanetoa a procédé à l’ancrage des nouveaux dispositifs.

Cette campagne se veut préventive, du fait de la présence, dans certains atolls, d’espèces de poissons lagonaires ciguatoxiques impropres à la consommation. Au total, ce ne sont pas moins de 21 DCP (voir tableaux ci-contre) qui ont été, à ce jour, ancrés en Polynésie française pour ce seul semestre 2012.

Cependant, force est de constater, qu’en dépit de l’utilité avérée de cet outil agrégatif, l’équipe de la direction des ressources marines (DRM) fait le triste bilan pour l’année 2011/2012 et dans le seul parc « DCP » des îles du vent, d’une recrudescence d’actes inciviques à l’encontre de ce matériel qui est, pour mémoire, subventionné par le Pays et représente un coût non négligeable. Au final, ce ne sont pas moins de 9 dispositifs de concentrations de poissons qui ont fait l’objet, depuis les 3 derniers mois, de détériorations volontaires. On soulignera que, régulièrement, des lignes de pêches emmêlées aux cordages du dispositif ainsi que des cordes accrochées aux chaînons des bouées de surface, sont retirées par les équipes de plongée de la DRM , alors que la réglementation est claire en ce sens : la navigation à moins de 100 mètres d’un DCP est interdite et encore plus, la pêche.

« La perte de certains dispositifs peuvent-être dû, pour une infime partie, à l’usure de ces derniers. Néanmoins, la négligence et l’irresponsabilité de certains utilisateurs de dispositifs pénalisent toute une profession et nous incite à mettre en application de lourdes sanctions dissuasives » précise Temauri Foster, ministre des ressources marines.

Parallèlement, les équipes de plongée présentes sur les sites de Tautira, Hitiaa et Mahaena ont profité de l’occasion qui leur était offerte afin d’élargir leurs bases de données bathymétrique* ; des informations qui permettent, entre autre, l’établissement de nouvelles cartes essentielles à la pose de futurs DCP.

Enfin, d’ici la fin de l’année, la direction des ressources marines procèdera à l’ancrage de 4 nouveaux dispositifs de concentration de poissons sur la côte Est et Ouest de Tahiti, avec les collaborations actives des coopératives de pêche. D’autres actions d’ancrage seront également prévues dans l’archipel des Tuamotu du Centre, notamment les communes d’Anaa-Faaite et Makemo.

*relatif à la technique de mesure des profondeurs marines

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Tahiti DCP 2011 : Colloque international « Pêches Thonières et DCP »

Pêches Thonières et DCP (Tahiti DCP 2011)

Tuna Fisheries and FADs

Tahiti – Polynésie Française

28 novembre au 2 décembre 2011

IFREMER / Service de la Pêche - Polynésie française

Objectifs du colloque

Le phénomène naturel de regroupement de poissons pélagiques comme les thons, les dorades coryphènes, les requins, les marlins, etc. autour d’objets flottants au large des côtes, est connu des pêcheurs depuis l’antiquité. Les progrès techniques pour la fabrication de grands filets après le milieu du vingtième siècle ont permis d’exploiter ce phénomène agrégatif à plus grande échelle autour d’objets flottants d’abord côtiers (Philippines, Indonésie) puis plus au large en pleine mer. On estime actuellement que près des ¾ des captures mondiales de thons tropicaux (Albacore, Listao, Patudo) sont réalisées sous ces objets flottants, communément désignés sous le sigle DCP « Dispositifs de Concentration de Poissons » (en français) ou FAD, pour Fish Aggregating Devices (en anglais).

Ce phénomène d’agrégation des grands poissons pélagiques est utilisé à deux échelles très différentes :

En zone côtière, par les pêcheurs de proximité qui ancrent des DCP sur des fonds allant de 50 à 2500 mètres de profondeur favorisant ainsi la concentration des thonidés dans des zones privilégiées connues des pêcheurs pour des sorties journalières. Dans ce cas, le DCP peut être considéré comme un outil de gestion efficace de la petite pêche, permettant un report de la pression de pêche de la côte vers le large, favorisant ainsi la capture d’espèces moins sensibles (les pélagiques) à cette échelle d’exploitation.

Au large, en zone hauturière, par les thoniers senneurs océaniques qui utilisent les DCP dérivants, munis de balises électroniques de repérage permettant une exploitation à grande échelle des stocks de thonidés. Par le volume des captures qu’il engendre au niveau mondial dans les 3 océans, l’utilisation massive de DCP dérivant mérite d’être étudier de façon plus approfondie pour mieux évaluer les impacts potentiels de cette technique de pêche en termes de risque de surexploitation des stocks et de déséquilibre des écosystèmes concernés (notion de piège écologique)......

Pour plus d’informations et inscription, cliquer Ici

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28 janvier 2011

Greenpeace : Lancement de la campagne thonière 2011 depuis Taïwan....

L'ONG cible tout particulièrement la technique de capture avec des DCP (dispositifs de concentration du poisson) utilisés par la plupart des armements industriels dans le Pacifique mais aussi dans l’océan Indien, avec les thoniers français....


Ce lundi 24 janvier, les activistes de Greenpeace à bord du Rainbow Warrior, à Taïwan, ont bloqué le départ du Lung Yuin, un navire congélateur taïwanais de soutien à la pêche au thon (thon obèse et albacore en particulier). Le Lung Ying a déjà été retenu au Japon pour pêche illégale, et est à nouveau soupçonné d’être en infraction avec la législation et de ne pas avoir de licence en règle. Les navires congélateurs tels que le Lung Yuin participent largement au pillage des ressources en thons tropicaux de l’océan Pacifique, en assurant l’acheminement des captures vers le Japon ou les Etats-Unis. Ces navires pratiquent aussi le transbordement des captures depuis les navires de pêche, ouvrant la porte à toutes les tricheries.

Greenpeace demande à l’agence des pêches taïwanaise de mener les investigations nécessaires, et le cas échéant d’engager des poursuites.

Greenpeace se mobilise contre l’usage des dispositifs de concentration du poisson (DCP)

Cette pratique de ‘concentration du poisson‘ également appelée ‘pêche sur épave’, permet d’attirer les poissons les plus petits et leurs prédateurs, comme les thons. Or si ces dispositifs permettent d’augmenter massivement les captures des thons ciblés ils entraînent aussi des captures accessoires très importantes, telles que des thons juvéniles qui ne sont pas reproduits, requins, tortues de mer ou dauphins… qui se retrouvent ainsi prisonniers des sennes des thoniers.....

Greenpeace vient de lancer au Royaume-Uni un classement des thons en boîte, en se basant notamment sur les méthodes de pêche. La plupart des marques incriminées, telle que Princes, se fournissent auprès d’armateurs utilisant ces dispositifs, dans le Pacifique mais aussi dans l’océan Indien, avec les thoniers français.

D’autres méthodes de pêche, telle que la canne ou la ligne, plus artisanales et bien plus durables, parce qu’elles permettent de ne prendre que les thons ciblés, existent pourtant….

Greenpeace se prépare à mener campagne aux quatre coins des mers en 2011

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26 septembre 2011. Mais les DCP ont aussi leurs avantages notamment pour la pêche artisanale polynésienne


Depuis près de 20 ans, il n’y avait pas eu de pose de “Dispositif de concentration de poissons” (DCP) dans les eaux marquisiennes. Transportés par l’Aranui, sept au total seront installés par trois agents du ministère de la Pêche.

Comme son nom l’indique, ce dispositif vise à augmenter les rendements de pêche et à réduire les coûts de carburant. Ayant moins de distance à parcourir pour chercher le poisson, il est aussi plus sécurisant pour ces professionnels. “À travers ce programme, nous voulons aussi rassembler les pêcheurs, leur apporter notre soutien et les inciter à créer des coopératives ainsi qu’à participer à des formations” explique Mainui Tanetoa, technicien de pêche côtière et hauturière du service de la pêche.

Un DCP est un filet attaché à 15 mètres de profondeur, tenu par des cordes, qui sont reliés à la surface de l’eau par des bouées et un mât, avec réflecteur de radar. Après des relevés bathymétriques (mesure des profondeurs), il est ancré par un corps-mort à une profondeur variant de 100 à plus de 1000 mètres.

Son action est simple et rapide, en quelque semaine il attire les petits poissons qui, par la loi de la chaîne alimentaire, attireront des plus gros, créant ainsi un pôle attractif pour les espèces que, régis par la même loi… nous convoitons.

Des emplacements choisis ensemble

Dans chacune des îles, les techniciens du service de la pêche ont trouvé la collaboration des maires et le volontarisme des pêcheurs nécessaire pour mener à bien ce programme. Ils ont choisi ensemble des emplacements, répertoriés ensuite par des points GPS*.

Cette mission a commencé à Nuku Hiva avec l’installation de deux DCP, réalisée avec Teiki Falcheto qui a également mené l’équipe jusqu’à Ua Pou avec son bonitier. Sur place c’est Cyril Enraet et Geoffroy Poisson qui ont prêté main-forte pour la pose d’un ancrage.

Puis c’est à Hiva Oa, avec le bateau de Léo Peterano, qu’un dispositif a été installé à Hanaiapa et un deuxième à 4 milles nautique au sud-ouest de Atuona. La mission continue sur Fatu Hiva avec la pose d’un DCP ; puis un autre à Ua Huka, où une machine à glace, fort attendue par les pêcheurs, sera inaugurée.

*Points GPS consultables sur le site du service de la pêche, cliquer Ici

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En 2009

La pêche sous objets flottants dérivants : un danger pour la survie des thons tropicaux ?

Les biologistes parlent de piège écologique lorsque les individus d’une espèce, se fiant à des indices trompeurs généralement associés à une activité humaine, colonisent un habitat qui se révèle finalement inadapté à leur survie. Une équipe de l’IRD étudiant la pêche du thon tropical a voulu savoir si l’utilisation de dispositifs de concentration de poissons (DCP), technique de plus en plus employée pour la pêche industrielle des thons, pouvait être à l’origine d’un piège écologique pour ces espèces. Les scientifiques ont donc comparé des indicateurs biologiques chez deux espèces de thons tropicaux pêchées sous DCP dérivants avec ceux des individus capturés en bancs libres. Leur analyse révèle que les thons pêchés sous objets flottants sont plus minces et donc en moins bonne santé que ceux pris en bancs libres. En suivant les radeaux artificiels utilisés par les pêcheurs, les thons s’éloigneraient en effet de leurs routes de migration habituelles pour se retrouver dans des zones défavorables, où la ressource alimentaire ferait défaut. D’après les chercheurs, il suffirait de restreindre l’utilisation des objets flottants près des côtes, où se concentrent les juvéniles des thons tropicaux, pour ne pas compromettre, à terme, la survie de ces espèces.

Les pêcheurs savent de façon empirique que les thons se rassemblent sous des objets flottants naturels tels que de vieux cordages, du bois flottant, voire des grands mammifères marins. Depuis une vingtaine d’années, ce comportement agrégatif, encore mal expliqué, est mis à profit par les grands thoniers senneurs qui laissent dériver, au grès des courants marins, des radeaux flottants équipés de bouées également appelés dispositifs de concentration de poissons (DCP). A l’aide d’un gigantesque filet, ou senne, déployé en arc de cercle de part et d’autre de l’embarcation, les pêcheurs encerclent le banc de thons venu se réfugier sous le DCP. Le fi let est ensuite resserré dans sa partie inférieure, enfermant le poisson dans une demi-sphère qui permet de capturer les thons en très grande quantité (Voir schéma).Au début des années quatre-vingt-dix, les scientifiques ont constaté un accroissement soudain des captures de thons tropicaux, en particulier de juvéniles, sous ces objets flottants artificiels. Entre 1996 et 2005, la moyenne annuelle des prises sous DCP a atteint 1.115.000 tonnes, soit près du tiers des captures mondiales de thons, toutes espèces confondues. Au Japon, les industriels de la transformation des produits de la mer ont par ailleurs constaté depuis longtemps que la chair des thons capturés sous objets flottants est moins grasse que celle des individus capturés en bancs libres.

A partir de ces observations, une équipe de chercheurs de l’IRD a donc voulu savoir si la pratique de la pêche sous objets flottants dérivants pouvait constituer un piège écologique pour les espèces de thons tropicaux. Ce concept de biologie des populations décrit des situations dans lesquelles l’accroissement de la population chute à la suite d’une modification soudaine de son environnement, le plus souvent liée à une activité humaine. Ainsi, les tortues de mer qui éclosent sur les plages utilisent le scintillement de la lune à la surface de l’eau pour rejoindre l’océan. Mais dans certaines régions, l’importante pollution lumineuse associée à l’urbanisation du littoral perturbe leur sens de l’orientation. Les jeunes tortues prennent alors le chemin de la terre ferme où elles meurent de déshydratation. Au cours de la dernière décennie, plus de 30% des prises mondiales de listao (Katsuwonus pelamis), de patudo (Thunnus obesus) et d’albacore (Thunnus albacares), les trois espèces de thons tropicaux qui peuvent être capturées sous DCP, ont été réalisées à l’aide de cette technique de pêche. Pour le listao, les prises sous objets flottants ont même atteint 72% des captures. Afin de vérifier si le déploiement massif de DCP pouvait constituer un piège écologique pour ces espèces, les scientifiques ont collecté divers indicateurs biologiques (périmètre thoracique, taux de croissance, contenus stomacaux) et écologique (angle et distance de migration) sur des albacores et des listaos capturés sous des objets flottants dérivant dans l’océan Atlantique et l’océan Indien. Ils les ont ensuite comparés aux données recueillies sur des individus de ces deux espèces capturés en bancs libres. L’étude a notamment montré que 74% des listaos avaient l’estomac vide au moment de leur capture sous DCP dérivants contre seulement 13% pour ceux pêchés en bancs libres. Des valeurs du même ordre ont été obtenues pour l’albacore avec des proportions atteignant respectivement 49% sous DCP et 7% en bancs libres. Ces résultats indiquent que les thons pêchés sous les objets flottants se nourrissent moins que ceux capturés en banc libre. De plus, le fait qu’à taille égale les spécimens capturés sous DCP sont plus minces que ceux capturés en bancs libres reflèterait, chez les premiers, un déficit dans l’accumulation des réserves énergétiques.

L’équipe a également voulu savoir si la pose massive d’objets dérivants pouvait affecter le comportement migratoire de ces grands voyageurs que sont les thons. A l’aide de marquages, les scientifiques ont pu confronter les caractéristiques des migrations réalisées par les poissons accompagnant la dérive des objets flottants avec celles des spécimens non-associés. Ils ont constaté que les angles de migration et la distance journalière parcourue étaient affectés par la présence d’objets flottants artificiels. Les DCP dérivants semblent donc agir sur les thons comme un véritable aimant, capable de les piéger puis de les entrainer vers des zones écologiques peu favorables, où la nourriture serait moins abondante. Malgré l’accumulation d’un important faisceau de présomptions, cette étude ne permet pas d’affirmer avec certitude que les DCP dérivants ont un impact négatif sur l’ensemble du cycle de vie de ces espèces de thons et donc qu’ils constituent un véritable piège écologique. Néanmoins, compte tenu des effets biologiques observés, il semble plus raisonnable que les DCP dérivants ne soient pas déployés près des côtes où se concentrent les juvéniles de thons. On éviterait ainsi d’entrainer ces jeunes poissons, qui constituent l’avenir du stock, en dehors des zones qui leur sont favorables. (IRD)
Source : Science.gouv.fr
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Le 15 novembre 2012

Thon tropical. Les stratégies régionales de pêche de l’UE 

Une entrevue avec Michel Goujon, directeur d'Orthongel

En France, Orthongel est la plus grande organisation de pêche lointaine (en dehors des eaux communautaires). C'est l'organisation française des producteurs de thon congelé et surgelé (association de la loi 1901). Orthongel représente les intérêts d’une flotte de 22 thoniers senneurs, actifs en Océan indien et Océan atlantique pour une production de plus de 100 000 tonnes de thon tropical chaque année.

Orthongel est membre d’Eurothonet a contribué à mettre sur pied l’Association des opérateurs thoniers de l’Océan indien (AOTOI). Ses missions sont d'améliorer les conditions de vente de la production de ses adhérents, d'encourager les méthodes de pêche qui favorisent une pêche durable et responsable, de contribuer à la gestion de la pêcherie et de représenter, défendre et promouvoir les intérêts généraux des armateurs de thoniers congélateurs et surgélateurs tropicaux.

Orthongel est, aussi, membre d'Eurothon, du CNPMEM, du Cluster maritime et du CCR Pêches Lointaines.

Les armements adhérents d'Orthongel sont :
  • la Compagnie Française du Thon Océanique (créée en janvier 2011 par la fusion des armements France-Thon, Cobrecaf et Cobrepêche)  
  • Saupiquet  
  • Sapmer S.A.
Pour en savoir plus, cliquer Orthongel

Les stratégies régionales de pêche de l’UE devraient se centrer sur l’appui à l’harmonisation et à la spécialisation


Dr Michel Goujon, ingénieur-docteur en halieutique, est directeur d’Orthongel, l’organisation française des producteurs de thon congelé et surgelé...

Q : Il y a deux ans, vous avez participé à la création de l’Association des opérateurs thoniers de l’Océan indien (AOTOI). A quoi correspond cette démarche ?

C’est une initiative des conserveries de la région océan indien et des armateurs de pêche à la senne qui y opèrent. On retrouve aujourd’hui dans l’association toutes les conserveries des pays de la COI – Maurice, Seychelles, Madagascar, Comores – ainsi que tous les armements thoniers européens.

La création de l’AOTOI correspond à une période où certains groupes environnementalistes donnaient aux consommateurs, surtout en Grande Bretagne, une image négative de la filière de la pêche du thon à la senne, incitant à ne consommer que du thon pêché à la ligne. La pression des consommateurs, relayée par les importateurs, s’exerçait directement sur les conserveurs, pour que ceux-ci ne s’approvisionnent qu’en thons provenant de ce type de pêche.

Pour nos partenaires de l’Océan indien et aussi pour nous, il était important de recréer la confiance et de démontrer, sur base d’éléments objectifs, que la pêche à la senne peut se faire de façon tout à fait durable.

En effet, au niveau environnemental, la sélectivité de la senne est bonne – comme cela a été documenté pour l’Océan Indien par les scientifiques de la CTOI. Celle-ci résulte notamment du comportement des thons qui se déplacent en bancs. Le repérage du poisson à vue et au sondeur permet aussi aux pêcheurs qui le veulent d'éviter la capture de poissons trop petits. Par ailleurs, le poisson est embarqué vivant, il est alors possible de remettre à l'eau, avec d'excellentes chances de survie, d'éventuelles captures accidentelles comme les requins ou les tortues. Dans le Pacifique est, où les thons sont souvent associés aux dauphins, une méthode est utilisée avec succès pour permettre aux dauphins de s’échapper de la senne.Par ailleurs, opérant en surface et loin des côtes, la senne n'a pas d'impact sur les fonds marins.

Bien sûr, des améliorations des pratiques peuvent toujours se faire, et c’est aussi à cela que nous travaillons au sein de l’AOTOI.

Nous avons d’ailleurs fait tout un travail de préfiguration d’une labellisation, même si ce n’est pas l’objectif premier de l’association.

Q : S’agirait-il là d’un écolabel de plus ?

Nous avons défini un cahier des charges qui est axé sur des aspects tant environnementaux que sociaux, de qualité du produit ou encore de transparence. Au niveau environnemental, par exemple, nous nous engageons à ne pas produire de rejets, exceptés pour les animaux relâchés vivants. Au niveau social, nous nous engageons à respecter les droits des travailleurs, le salaire minimum, la couverture sociale, etc. Pour les bateaux européens pêchant sous accord de partenariat de pêche, cela correspond par exemple à la mise en oeuvre de la clause sociale. Pour les conserveries, il y a aussi des engagements concernant la chaîne du froid, l’évacuation correcte des déchets, etc.

Mais l’AOTOI est aussi une plateforme pour réfléchir et promouvoir des améliorations techniques, comme par exemple le développement et la généralisation de l’utilisation de dispositifs de concentration de poissons (DCP) écologiques afin de minimiser l’impact environnemental de cette technique. En France, nous avons mené un programme pour le développement de ce genre de DCP qui, à terme,seront standardisés et assemblés à terre, ce qui permettra aussi un meilleur contrôle du nombre de DCP mis en mer.

Q : C’est un enjeu central, pour vous, de minimiser l’impact environnemental des DCP, notamment les prises accidentelles de requins et tortues et les captures de juvéniles ?

Oui, c’est vraiment une conviction du secteur. Nous sommes bien conscients que, même si les prises accidentelles sont déjà faibles pour la pêche à la senne, améliorer la sélectivité des engins, c’est tout bénéfice : un écosystème en bonne santé est plus productif, une meilleure sélectivité réduit la charge de travail, etc, sans compter l’amélioration de notre image. Avec les améliorations que nous proposons, nous voulons démontrer que la pêche sur DCP écologiques, bien contrôlée, est une pêche responsable.

Dans ce débat un peu manichéen entre une pêche sur DCP (qui serait mauvaise), et une pêche sans DCP (qui serait bonne), il faut prendre en compte des enjeux techniques et économiques. Il n’est pas possible pour une flotte entière d’être rentable en pêchant uniquement sans DCP. Ce que l’on capture sous DCP, c’est essentiellement du thon listao, qui contribue pour au moins 50% de la matière première des conserves de thon. Ces captures sous DCP sont donc un élément essentiel de la rentabilité, et donc les senneurs qui s’engagent dans la pêche sans DCP ne feront qu’une partie de leurs captures de cette manière. Il faudra donc prévoir des cuves séparées pour stocker le thon pris avec et sans DCP, et organiser une traçabilité sans failles.

De notre point de vue, en plus des améliorations techniques visant à une meilleure sélectivité, d’autres approches sont efficaces pour éviter de pêcher des juvéniles de thon, notamment dans la façon de rémunérer les équipages. Nous payons les équipages au prorata de la valeur du thon capturé, pas au volume de captures. De plus, tout thon capturé de moins de 1,5kg n’est pas payé. Avec ce système, il est évident que les pêcheurs vont cibler les plus gros thons, et pas les juvéniles.

Q : Les DCP sont également un paramètre important qui augmente la capacité de pêche…

Effectivement, c’est un aspect important qui doit être pris en compte lorsqu’on développe des systèmes de gestion de la capacité de pêche thonière au niveau des Organisations régionales de pêche (ORGP).

Dans le cadre du Conseil consultatif régional pour la pêche lointaine (CCRPL) de l’Union européenne, nous avons réfléchi sur les enjeux liés à l’utilisation des DCP, avec l’ensemble de l’industrie et les ONG. La principale recommandation qui en est sortie, c’est qu’il faut adopter un plan international de gestion des DCP, qui devra être appliqué au niveau de toutes les ORGP thonières, afin de gérer l’ensemble de leurs impacts, y compris sur la capacité de pêche.

Cela exigera le recueil continu de données sur l’utilisation des DCP qui viendra s’ajouter au recueil déjà réglementaire de la composition des captures par taille et par espèce et des captures accessoires.

Nous avons demandé à l’UE de porter cette recommandation et de promouvoir cette approche au sein des ORGP thonières.

Q : L’UE est en train de reformer sa politique de pêche et, concernant la pêche lointaine, elle propose de définir des stratégies régionales. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

C’est essentiel de développer ces stratégies régionales pour la pêche thonière. Et il faut que ces stratégies aient pour objectif d’appuyer les pays d’une région donnée à harmoniser leurs politiques, notamment en ce qui concerne les conditions d’accès pour les flottes de pêche lointaine, la coopération scientifique et la lutte contre la pêche illégale.

Un autre aspect qui devrait être considéré par les pays partenaires de l’UE, en particulier ceux qui ont des accords de partenariat thoniers avec l’UE, c’est l’intérêt qu’il peut y avoir à développer des spécialisations au sein d’une même région. En effet, il n’est de l’intérêt de personne de construire des usines de transformation semblables partout, si, au bout du compte, les pays ne peuvent les faire fonctionner à plein rendement.

Une concertation entre les états riverains pour déterminer comment répartir de manière juste les divers bénéfices de l’exploitation thonière par les flottes de pêche lointaine serait sans doute salutaire. Si la question de l’installation des usines de transformation est un élément clé à discuter dans ce cadre, le paiement de coûts d’accès harmonisés, représentant une part raisonnable de la valeur des captures réalisées, est un autre élément important à discuter au niveau régional.

D’autres propositions pourraient aussi être faites, pour que certains pays se spécialisent pour devenir, par exemple, des centres régionaux pour la formation d’observateurs, la formation de marins, le Suivi, Contrôle et Surveillance, etc. Ce qui me semble évident, c’est que le développement de stratégies régionales pour la future politique européenne de la pêche doit prendre aussi bien en compte les besoins et les priorités des pays tiers que les contraintes d’exploitation durable des senneurs.

Commentaires

Dicko a dit…
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cyndy a dit…
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