La crise financière favorise l'aquaculture industrielle au dépend de la pêche ?

Le secteur de la pêche n'est pas épargné par la crise financière. La rareté du crédit qui touche tout particulièrement les opérateurs import/export, va perturber dans les prochains mois le commerce mondial des produits halieutiques d'autant plus que près de 40% des produits de la pêche et de l'aquaculture sont négociés sur le marché international.

D'autre part, les difficultés rencontrées par les banques directement impliquées dans la pêche et l'aquaculture, comme les trois banques islandaises qui ont été nationalisées depuis, vont réduire les disponibilités en crédit pour le secteur productif. Si la crise du carburant touche surtout la pêche, la crise financière concerne plutôt l'aquaculture et plus précisément les élevages d'espèces carnivores très dépendants des intrants comme la nourriture industrielle. L’alimentation représente près de la moitié du coût de production de ces espèces dont l’élevage dure entre deux et trois ans. La crise financière va probablement renforcer la concentration des activités salmonicoles autour des multinationales norvégiennes qui semblent peu touchées et qui ont toujours su rebondir lors des crises de croissance de la salmoniculture, notamment au début des années 1990 et 2000.

La crise économique favorise la consommation de poisson bon marché. Le rapport European Price Report de Globefish d’octobre 2008 affirme que « l’impact de la crise économique devrait commencer à se faire ressentir sur le commerce de poisson européen. Les consommateurs devraient choisir des aliments moins chers pour compenser la hausse globale des prix de l’énergie ». Pour les produits de la pêche, cela impliquera une baisse de la demande pour des espèces à valeur élevée, tandis que des espèces meilleur marché telles que les produits de l'élevage, saumon et pangasius, trouveront un marché réceptif. Pour l’heure, comme le souligne le rapport Globefish de septembre sur le poisson-chat, l’UE est devenu le principal marché pour le pangasius vietnamien. Cela inquiète quelque peu les pêcheurs européens qui craignent la concurrence des filets de panga. Très souvent, le produit est vendu décongelé, sans indiquer qu’il a été précédemment congelé et sans indication sur le pays d’origine, enfreignant ainsi les exigences de traçabilité de l’UE.

Sources d'information : The Fishsite, FAO (Food Outlook Global Market Analysis), CTA et Globefish
Pour plus d'informations sur l'évolution de la consommation des produits de la mer en France : La place des produits aquatiques dans la consommation des ménages (OFIMER/TNS Worldpanel)

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