France : la pêche à la légine et au langouste dans les TAAF

L’éloignement de ces îles de la métropole (12.000 km) et de l’île de la Réunion (3.000 km), leur isolement et leurs conditions climatiques extrêmes caractérisent la grande pêche australe qui y est exercée. Cette pêche cible principalement une espèce de poisson, la légine, dans les zones de Crozet et de Kerguelen. Ce poisson vit dans les grands fonds et peut mesurer plus de 2 m. Très apprécié sur les marchés asiatiques, il a une forte valeur marchande. Les accords de pêche avec des pays étrangers (Japon, Corée, URSS puis Ukraine) ont pris fin en 1998. La pêche est désormais exercée par des entreprises françaises basées à la Réunion.

A l’heure actuelle six armements sont autorisés à pêcher dans les eaux australes : Armas Pêche, Armements Réunionnais, Cap Bourbon, Comata, Sapmer et Pêche Avenir, sous le contrôle strict du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN).

Cette pêche est exercée à la palangre, méthode sélective et respectueuse des fonds marins. Autour des îles de Saint-Paul et Amsterdam situées plus au nord, on pratique la pêche à la langouste. Cette pêche est pratiquée par un unique navire autorisé, l’Austral. La pêche est exercée à partir d’annexes, ou doris, qui essaiment chaque jour autour du navire principal pour réaliser leur pêche au moyen de casiers.

Les règles de pêche à la langouste sont fixées chaque année par un arrêté du Préfet, qui fixe notamment le total admissible de capture (TAC). De 2003 à 2007, ce TAC a été maintenu à 390 tonnes de langoustes sur les zones des îles Saint-Paul et Amsterdam. Plusieurs autres espèces de poissons sont pêchées mais sur une échelle réduite. Parmi celles-ci : le grenadier, le cabot, le gros yeux, le Saint Paul, le bleu ou le poulpe. Avec la coopération du Muséum national d’histoire naturelle, la réglementation des TAAF a pour objectif de préserver la ressource (stocks de poissons) et l’environnement (interaction avec les autres espèces de l’écosystèmes).

La campagne de pêche à la légine s’ouvre pour 2009-2010 le 1er septembre 2009 Communiqué de presse des Taaf

Après prise en compte de l’avis scientifique du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) ainsi que des avis des ministères des affaires étrangères , de la pêche et de l’outre-mer, le préfet, administrateur supérieur des TAAF a arrêté le total admissible de captures, les quotas et les nouvelles prescriptions techniques de pêche pour la campagne.

1/ Le total admissible de captures (TAC)

A Kerguelen, il est inchangé : 5100 tonnes. Une nouvelle campagne d’évaluation de la biomasse aura lieu en 2010. Cette campagne « POKER II », soutenue par les professionnels, le MNHN et les TAAF, permettra d’avoir une idée de la dynamique de la population de légine. Ses résultats permettront de définir des orientations de gestion à moyen terme, avec une idée de l’évolution du TAC à 5 ans par exemple, afin d’offrir le maximum de visibilité aux armements.

A Crozet, il diminue de 300 tonnes (700 tonnes contre les 1000 tonnes de l’année précédente). Cette diminution est liée à la déprédation que les orques exercent sur les lignes de pêche. Par précaution, le TAC a donc été réduit de 300 tonnes cette année.
Notons qu’une campagne de pêche expérimentale au casier sera effectuée en 2010. Ce projet appelé « ORCASAV », organisée par les pêcheurs, en partenariat avec les organismes scientifiques, bénéficie du soutien actif des TAAF. Une réunion de bouclage sous la conduite du préfet, administrateur supérieur s’est d’ailleurs tenue à Paris le 1er juillet dernier, à l’antenne parisienne des Taaf, avec tous les acteurs concernés.

On espère que cette technique de pêche permettra de s’affranchir de la concurrence exercée aujourd’hui par les orques. Elle offre en outre l’avantage de ne pas menacer les oiseaux marins comme le fait encore aujourd’hui la palangre.

2/ La répartition du total admissible de captures est effectuée comme suit.

A Kerguelen, depuis l’année dernière, un système d’évaluation de la performance des navires a été introduit. Les quotas sont attribués aux navires en fonction de leur performance dans 5 domaines :
- La capacité de pêche (achèvement des quotas – sans dépassement)
- Le rendement (rapport entre effort de pêche et quantités pêchées)
- L’atténuation de la mortalité aviaire
- Le respect de la règlementation
- Les antériorités et historique de pêche

Une part croissante du TAC chaque année est répartie selon ces critères objectivement mesurés et connus des armements.

A Crozet, afin d’optimiser les résultats de pêche et de réduire l’impact économique de la baisse du TAC, les navires qui réalisaient le mieux leurs quotas à Crozet (sur la base d’une moyenne lissée sur les trois dernières années) bénéficient d’une moindre baisse leur quota de Crozet.

3/ Règlementation de la pêche : nouvelle version des prescriptions techniques

Chaque année, la règlementation de la pêche évolue pour tenir compte des évolutions de la connaissance, des techniques et des contraintes environnementales. Cette année, le premier axe d’effort concerne les mesures visant à réduire la capture de poissons juvéniles. Par précaution, les premières opérations de pêche dans des secteurs mis en exploitation seront limité afin d’évaluer la proportion de juvéniles avant de poursuivre ou non la pêche.

Les règles tendant à limiter encore la mortalité aviaire sont enrichies, avec la limitation des rejets d’usine, afin d’éviter les agrégations d’oiseaux autour des navires. La période de fermeture de la pêche à Kerguelen aux mois de février-mars est également prolongée de 5 jours supplémentaires, soit un total de 45 jours, afin d’éviter de pêcher pendant une période de forte nécessité alimentaire des oiseaux.

Plusieurs simplifications sont également introduites dans les règles d’occupation des secteurs, notamment à Crozet.

Il est enfin à noter que les armements, avec la pleine implication des Taaf, se sont engagés dans une démarche volontaire d’éco-labellisation sous le label MSC certifiant le respect des critères de gestion durable de la ressource halieutique et l’emploi de techniques de pêche respectueuses de l’environnement. La pêcherie australe sera ainsi la 1ère en France à recevoir ce label international, fruit d’un véritable travail partenarial entre l’Administration, les professionnels et les experts scientifiques.

En juillet 2009

Piriou équipe la pêche écolo dans le grand sud (Ouest France)
Laurent et Jean-Paul Virapoullé embarquent quelques Bretons sur leur « Saint-André », pour une pêche durable dans les eaux froides du grand sud.
Le palangrier Saint-André, baptisé hier à Concarneau, se veut un modèle de l'exploitation durable de la mer.
« Nous ne jetterons aucun déchet à la mer. Nous avons équipé le Saint-André de cales pour les rapporter à quai. Car ces déchets attirent les oiseaux autour des bateaux de pêche. Oiseaux qui sont alors victimes des hameçons. » Laurent Virapoullé, directeur de Pêche Avenir, et fils du sénateur de la Réunion Jean-Paul Virapoullé, a intégré tous les paramètres écolos dans son palangrier de 56 mètres (12 millions d'euros) baptisé hier chez Piriou à Concarneau.
Le bateau est le dernier d'une série de six et aussi le plus abouti au point de vue environnemental : il est le premier équipé d'une propulsion diesel-électrique économe et peu polluante pour aller dans les mers du grand sud. Il embarque trente-quatre Réunionais, Norvégiens... et Bretons, dont le capitaine Jonathan Le Marrec, pour pêcher, le poisson d'eau froide, la légine des Kerguélen. Une pêche soumise à quotas.
C'est le Museum d'histoire naturelle qui propose ces quotas. Les sanctions en cas de manquement sont sévères. Des observateurs embarquent sur tous les navires. Sur le Saint-André, des lignes plombées et de longs rubans effaroucheurs empêchent les oiseaux de se prendre aux 25 000 hameçons garnis d'appâts. Le chalut trop peu sélectif est banni. Et bientôt, on pêchera même au casier. Les armateurs financent études scientifiques et patrouilleur anti-braconnage. De l'écologie rentable : la légine, bientôt dotée d'un écolabel, se vend très, très cher au Japon et aux USA. Raymond COSQUÉRIC.

Le 24 février 2010

La Réunion - Yannick Lauri : “Notre pêche est responsable, on doit le faire savoir” (Clicanoo)
Alors que l’interdiction du commerce international du thon rouge de Méditerranée se précise, les pêcheurs français cherchent à prouver leur implication dans la préservation de la ressource. À La Réunion, les armements de pêche à la légine sont engagés dans l’obtention d’un label responsable. La Sapmer, pour son activité thonière aussi. Explications avec Yannick Lauri.
Vous êtes président du syndicat des armements réunionnais de palangriers congélateurs (SARPC), cette pêcherie a lancé la certification MSC. Où en êtes-vous ?
La démarche d’obtention de la Marine Stewarship Council a été engagée en 2008. Ce label, très prisé des pays anglo-saxons et nordiques, vise à certifier les bonnes pratiques de la pêcherie à la légine. Il s’agit de la pérennité des stocks ciblés, de la préservation de l’écosystème et de l’efficacité du système de gestion de la pêcherie (*). Des auditions ont eu lieu début février et nous devons répondre à une foule de critères. Ça avance. En ce qui concerne la mortalité aviaire, par exemple, les progrès sont nets. Les données avancées par le professeur Guy Duhamel du Muséum national d’histoire national font apparaître que nos palangriers ont réussi à réduire ces pertes de milliers d’oiseaux à moins de 200 sur la campagne en cours. On espère obtenir la MSC au deuxième semestre 2010, ce qui ferait de nous la première pêcherie française dans ce cas…..

Le 9 mars 2010

Le préfet des albatros et des éléphants de mer (Ouest France)
Rollon Mouchel-Blaisot, fonctionnaire écolo, dirige un empire grand comme quatre fois la France, peuplé de 50 millions d'oiseaux. Ce Normand de 50 ans est administrateur général des Terres australes et antarctiques françaises. Il veille à ce qu'aucune espèce, animale, végétale ou même humaine, ne vienne y menacer la biodiversité.
« Ce sont les derniers sanctuaires de la planète ! » Préfet de 50 millions d'oiseaux de mer et de quelques centaines de scientifiques, Rollon Mouchel-Blaisot est tombé amoureux du territoire qu'il administre. Son royaume, ce sont les Terres australes et antarctiques françaises (Taaf). Un immense désert maritime et terrestre. 2,4 millions de kilomètres carrés, plus de quatre fois la France, éparpillés entre les tropiques (les parages de Madagascar) et la Terre Adélie, au pôle Sud…..

19 mars 2010

La légine, une pêche durable et très rentable sous strict contrôle (Romandie)
BREST - La valeur économique de la légine australe, un poisson carnassier qui peut atteindre 2 mètres et vit à 2.000 mètres au fond de l'océan austral, a fait un bond avec la raréfaction de la morue noire (black cod) très appréciée au Japon et aux USA, proche par sa chair blanche.
Sur les 18.000 tonnes légales, la France possède le premier quota au monde de légine avec 6.100 tonnes. Une manne de plus de 42 millions d'euros en 2008/2009 que se partagent six compagnies réunionnaises (7 bateaux) regroupées au sein du Syndicat des armateurs réunionnais de palangriers congélateurs (SARPC). Selon ce syndicat, l'activité liée à la pêcherie de légine, la deuxième en valeur après le thon rouge, génère 300 emplois directs et 1.200 indirects à La Réunion.

Tous les ans depuis le milieu des années 90, le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) fixe des quotas de pêche à la légine pour préserver la ressource. Ces quotas varient de 4.500 tonnes à 5,5 tonnes à Kerguelen et de 700 à 1000 tonnes à Crozet où la part de déprédation des orques et des cachalots est prise en compte, selon le département des milieux et peuplements aquatiques du MNHN. Comme pour le thon rouge exploité plus au nord, les palangriers pêchent avec des lignes immenses où les hameçons sont positionnés tous le 1,2 m. Ils embarquent des contrôleurs des pêches qui vérifient la taille (60-80 cm) et le tonnage de prises, avant un second contrôle au débarquement.....

Le 10 avril 2010

Kerguélen. Le réseau austral à Concarneau (Le Télégramme)
C'est une pêcherie exemplaire dans sa gestion. Elle est exploitée en partie par des marins bretons à l'autre bout du globe. La légine des Kerguélen sera au coeur d'un colloque organisé en avril à Concarneau.
Guy Duhamel, professeur au Museum d'histoire naturelle de Paris, est le spécialiste français de la légine. Il explique l'enjeu du symposium organisé du 14 au 16avril à la station de biologie marine de Concarneau.
Les Bretons sont nombreux sur cette pêcherie ?
Elle est réalisée par sept palangriers de six armements basés à La Réunion (dont un est une filière de la Scapêche de Lorient). Ces bateaux ont été construits au chantier Piriou de Concarneau, dont le Saint-André sorti l'année dernière. C'est une flottille avec des états-majors traditionnellement bretons et vendéens.
Est-ce une pêcherie bien gérée ?.....

Le 16 avril 2010

Kerguélen. Une pêcherie exemplaire et prometteuse (Le Télégramme)
Les spécialistes du plateau de Kerguélen étaient réunis cette semaine à Concarneau. Éclairage sur une pêcherie exemplaire qui réunit chercheurs et pêcheurs dans une gestion durable.

Alors que les marins de la Transat ont l'oeil rivé sur le soleil de Saint-Barthélémy depuis les quais de Concarneau, d'autres îles occupent les esprits dans la Ville bleue. Le premier symposium sur le plateau des Kerguélen réunit depuis mercredi, 80 chercheurs français, australiens, néo-zélandais, allemands... «Ce rendez-vous est une initiative franco-australienne pour établir un point zéro des connaissances sur le plateau des Kerguélen», explique Guy Duhamel, professeur au Muséum. C'est dans ces parages que se développe la pêcherie de légine, deuxième en valeur économique pour la France après le thon rouge. «Nous avons choisi d'organiser ce symposium à Concarneau, car c'est ici qu'ont été construits chez Piriou, les sept palangriers en activité sur la zone». L'an passé encore, le Saint-André (56m) a rejoint cette flottille spécialisée très encadrée. Si l'on ajoute que l'état-major de ces bateaux est composé en majorité de Bretons, que le Marinarium est géré par le Muséum d'histoire naturelle dont est issu le professeur Duhamel, spécialiste de la légine, on comprend le choix du port breton pour réunir les spécialistes mondiaux des eaux australes......

Le 20 août 2010

Pêche. Une mission d'évaluation dans les Kerguélen (Le Télégramme)

Le chalutier L'Austral doit appareiller demain pour sa deuxième campagne de prospection et d'évaluation des ressources halieutiques dans la ZEE de Kerguelen. Baptisé POKER II (Poisson de KERguelen), cette campagne scientifique permettra d'évaluer l'état des stocks de poissons. Cette zone est particulièrement riche en légines, une espèce à haute valeur ajoutée. Ce poisson à la chair blanche et fondante, riche en oméga 3, est aujourd'hui très prisé des tables asiatiques et américaines. La France en possède le premier quota au monde (5.800 tonnes). Cette pêcherie est la deuxième de France en valeur. Elle constitue le deuxième secteur exportateur de la Réunion et génère 250 emplois directs et plus d'un millier d'emplois indirects. Elle est pratiquée par des armements français, tous basés à la Réunion, où la réglementation spécifique des TAAF impose de débarquer toutes leurs captures. Six armements exploitent sept palangriers: Armas Pêche, Les Armements Réunionnais, Cap Bourbon, Comata, Pêche Avenir et Sapmer.

D'autres espèces

La campagne Poker II devra également permettre d'étudier les possibilités d'exploitation d'autres ressources halieutiques telles que le poisson des glaces et le colin austral.

Pêche dans les mers australes : Une campagne pour évaluer les stocks de poissons (Le quotidien.re)

L'Austral prend la mer aujourd'hui pour une campagne d'évaluation des ressources halieutiques, notamment les légines. Une campagne de prospection et d’évaluation des ressources de poissons sur le plateau de Kerguelen débute aujourd'hui pour soutenir l’avenir de la pêche australe. Baptisée Poker II, elle doit permettre d’évaluer la dynamique des populations et l’état des stocks en regard de la dernière campagne d’évaluation menée en 2006….

Les enjeux de cette campagne sont au nombre de trois :

1- Permettre à la profession d'avoir une vision à long terme

2- Permettre aux scientifiques d'acquérir des connaissances sur la richesse des fonds marins austraux

3- Évaluer la possibilité d'ouvrir de nouvelles pêcheries

L'opération, qui coûte 1,8 million d'euros, sera financée par la revente des poissons capturés, une subvention du ministère chargé des pêches et une contribution des différents partenaires. Le chalutier est autorisé à prélever un maximum de 240 tonnes de poissons, contre 800 lors d'une "vraie" campagne de pêche. Le retour du navire est prévu aux alentours du 30 octobre prochain. Les résultats devraient être connus avant la fin de l'année. Les quotas pour l'année prochaine pourraient alors être fixés en fonction de ces résultats.

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Le 27 octobre 2010

TAAF. Les quotas devraient augmenter (RFO)

Les quotas de pêche devraient augmenter progressivement dans les Terres australes et antarctiques françaises. Cette décision est liée aux conclusions d’une mission scientifique constatant une hausse notable des populations de poissons. « L’ensemble de la biomasse est en augmentation et en particulier la légine dont le stock global est stable », a déclaré le préfet et administrateur des TAAF, Rollon Mouchel-Blaisot, en dressant le premier bilan d’une mission scientifique aux Kerguelen.

Réalisée du 20 août au 15 octobre, cette mission baptisée Poker 2 ( POissons des Kerguelen) a constaté un triplement de la population de légine, un des poissons les plus chers au monde (10-12 dollars le kg à la débarque) constituant la deuxième pêcherie de France en valeur. Pour un même nombre de chalutage, 48 tonnes de légine ont été capturées par la mission Poker 2 contre 16 tonnes en 2006, lors d’une première mission (Poker 1).

« Gestion raisonnée » La légine a été pillée pendant des années par des bateaux pirates dans la ZEE (zone économique exclusive) française avant que des mesures de surveillance draconiennes ne fassent reculer la pêche illicite qui a représenté trois fois le tonnage des quotas légaux, selon les TAAF. Sept armements réunionnais se partagent les 5.100 tonnes de quotas qui vont pouvoir être reconduites pour trois ans, a indiqué le préfet des TAAF. Ces quotas seront ensuite augmentés progressivement de 2 à 4% lorsque les jeunes légines atteindront la taille adulte, a-t-il précisé.

Le préfet des TAAF a vu dans le résultat de Poker 2 le bien-fondé de la "politique de gestion raisonnée" et de la lutte contre la pêche illicite, menée en partenariat avec les armements. La mission Poker a permis également de constater la reconstitution de stock de deux espèces de poissons - le poisson des glaces et le colin austral - surexploités dans les années 1980 et 1990. Elles vont pouvoir être à nouveau autorisées à la pêche "dès 2011", a indiqué le préfet des TAAF. La mission rendra ses conclusions définitives en mars.

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Le 6 novembre 2010

Camaret-sur-Mer : Salle pleine pour le documentaire sur la pêche en mer (Ouest France)

Le film document « Posté à Bord », de Charles Véron, a réuni une centaine de spectateurs, mercredi soir, au cinéma Rocamadour. Il raconte la vie de 35 marins pêcheurs bretons du pays bigouden et du cap, et de marins ouvriers malgaches et russes, aux antipodes, près des îles Kerguélen, dans un bateau usine, pêchant la légine, un poisson « noble » piégé à la palangre, à 2 000 mètres de fond.

Charles Véron, d'un talent immense, signe là un magnifique documentaire qu'il a travaillé en collaboration avec le monteur. Il aborde avec empathie l'éloignement des marins pêcheurs, leurs conditions de travail, la dangerosité de leur métier, les contraintes administratives, et des rapports entre pêcheurs et scientifiques. Il fait aussi réfléchir sur les rapports nord sud (patron du nord, équipage du sud), à la mondialisation et au gaspillage énergétique que représente une telle pêche. Charles Véron a passé trois mois et demi en mer avec l'équipage. Le public a pu dialoguer avec le réalisateur après la projection. Cette soirée, troisième du genre à Camaret, a été mise en place grâce à la collaboration du cinéma Rocamadour, de la commune, de la bibliothèque municipale, de la bibliothèque du Finistère, et de l'association Daoulagad Breiz.

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Le 11 novembre 2010

Malaisie et Singapour, ports d’appui des braconniers de légine australe

La Commission pour la conservation des ressources vivantes marines de l'Antarctique (CCAMLR) demande à la Malaisie et à Singapour de ne plus recevoir les bateaux inscrits sur la liste noire de la pêche illégale de légine australe.

« Ces braconniers sont en mesure de nuire à l'écosystème de l'océan Austral, parce qu'ils ont été en mesure de trouver des moyens pour écouler sur le marché de la légine capturée illégalement », a déclaré Rob Nicoll, responsable du WWF pour l'Antarctique et l'océan Austral. «Ces pêcheurs continueront de nuire aussi longtemps que des lacunes existeront. » Cette légine illégale, en hausse de 30 à 50 % au cours des quatre dernières années, est ensuite écoulée sur le marché chinois et Hong Kong. Source : Countries worldwide ask Singapore & Malaysia to shun toothfish poachers (Fis)

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La justice américaine poursuit Pescanova pour importation illégale de légines australes

La Cours Fédérale de Miami poursuit Florida Seafood Company Pescanova USA (filiale étatsunienne du groupe espagnole Pescanova) pour avoir importé en décembre 2009 depuis l’Argentine 96,984 tonnes de légines congelées (Dissostichus spp.) espèce appelée bar de mer du Chili. Cette importation d’une valeur de 1,2 million de dollars n’a pas respecté les procédures en cours conformément à la Convention sur les Ressources Marines Vivantes de l'Antarctique, a indiqué le National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). Source : FIS

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Le 7 janvier 2011

Pêche illicite et non signalée : l’Australie salue un accord avec la France (Tahiti infos)

Le gouvernement australien a salué vendredi la conclusion d’un accord qualifié d’important en matière de lutte contre la pêche illicite et non signalée, signé avec le gouvernement français et qui prévoit désormais une plus grande coopération et interopérabilité entre bâtiments chargés de surveiller les eaux territoriales.

Dans un communiqué conjoint, trois membres du gouvernement australien Brendan O'Connor (intérieur), Martin Ferguson (affaires étrangères par intérim) et Mike Kelly (secrétaire d’État à l’agriculture, aux pêches et aux forêts) précisent que cet accord couvre essentiellement les mers australes proches de l’Antarctique, au Sud de l’Océan indien (territoires australiens de l’île Heard, de l’île McDonald, et territoires français des îles Kerguelen, Crozet, Saint-Paul et Amsterdam).

Cet accord s’appuie sur le principe de patrouilles dites « coopératives », en fait des missions de surveillance incluant systématiquement sur un bateau d’une des parties, des représentants de l’autre partie.

Ce principe de réciprocité, basé aussi sur le principe de proximité et d’ « intérêts partagés » des territoires australiens et français dans cette zone, « permet aux patrouilles conjointe australiennes et françaises de faire appliquer leurs lois en matière de pêche dans leurs zones économiques exclusives (ZEE) respectives et dans les mers territoriales de l’Océan Austral ».

Ces échanges de protocoles s’appliquent notamment dans des situations d’abordage, de poursuite, d’arraisonnement, d’inspection, de fouilles et de saisie d’éventuelles cargaisons de poissons.

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Le 21 janvier 2011

France 3 Littoral : Une marée à Kerguelen

Samedi 22 janvier 2011 à 16h15

Réalisation : Charles Véron. Coproduction : Aligal Production / France Télévisions

Trois mois passés à bord d’un chalutier industriel, dans les eaux terribles du sud de l’Océan indien. Le patron est breton, l’équipage de nationalités variées. Le métier est difficile, la mer a ses caprices, la météo a ses humeurs. A bord, les hommes ont fait ce choix de vie, certains par goût, d’autres par sacrifice. Le réalisateur a partagé leur quotidien le temps d’une marée…

Lire aussi dans Mer et Marine : Littoral nous embarque pour une marée à Kerguelen

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Le 18 avril 2011

Safeway pour la légine australe (Jdle)

Fidèle à son credo de ne pas vendre d’espèces menacées, Safeway vient de prendre un nouvel engagement en la matière. Le distributeur américain vient d’annoncer qu’il n’achèterait plus de légine australe (Dissostichus eleginoides) pêchée dans la mer de Ross, en Antarctique. Parallèlement, Safeway encourage les 36 pays membres (dont la France !) de la Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique à déclarer zone maritime protégée la mer de Ross.

Initiée au milieu des années 1990, la pêche de la légine ne cesse de se développer. Selon les années, les captures ont oscillé entre 5.000 et 17.000 tonnes, rapporte une note du secrétariat de la convention. Poisson à la chair très appréciée des consommateurs, américains et japonais notamment, la légine fait aussi l’objet d’un important braconnage. Selon Traffic, le volume de légines illégalement pêchées représente de 14 à 23% des quotas officiels selon les années. Habituée des grands fonds (on la trouve à plus de 2.000 mètres de profondeur), la légine est encore peu connue des scientifiques. Raison de plus pour ne pas réduire ses stocks à néant.

http://www.ccamlr.org/pu/E/e_pubs/fr/10/appF.pdf

http://www.traffic.org/fisheries/

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Le 20 mars 2012

Le satellite, ce mouchard des océans (Ouest France)

Les scientifiques inquiets sur la continuité des observations d’Envisat. En dix ans, il a révolutionné la connaissance.

C’est le plus gros satellite de surveillance de l’environnement jamais construit. Depuis 2002, Envisat, ce géant de 26 mètres (huit tonnes) a fait 50 000 fois le tour de la Terre. Sept groupes d’instruments observent l’atmosphère (ozone, méthane, CO2…), les terres émergées (répartition des forêts, séismes…) et les océans (température, transparence, courants…). « On a appris beaucoup de choses sur la terre » se félicite Henri Laur, responsable d’Envisat à l’Agence spatiale européenne (Esa). La pollution de l’air qui s’est multipliée par deux en Chine ou qui varie du simple au double sur les villes européennes entre le week-end et la semaine, la répartition des glaces en mer Baltique, l’impact du tsunami japonais mesuré jusqu’en Antarctique…

(....)

Doutes sur le financement

Côté opérationnel, c’est aussi Envisat qui a permis de réduire la pêche frauduleuse à la légine autour des Kerguelen, en repérant des taches blanches, comme autant de bateaux, dans cette immense zone impossible à surveiller par bateau....

(...)

L’Agence spatiale européenne tire quelques dividendes de ces services. Mais pour Henri Laur, cette mission est « surtout un service public ». À partir de 2013, sept satellites Sentinel (1,7 milliard d’euros), doivent prendre le relais d’Envisat. Cette phase est financée, mais les acteurs ont quelques inquiétudes pour la suite. La France, pour des raisons budgétaires, envisage de ne plus verser sa participation au volet « observation de la Terre » de l’Esa (1,8 milliard d’euros sur 5 ans)....

Patrick Vincent, directeur général d’Ifremer insiste : « Les observations des océans ont besoin de continuité dans le temps. C’est aussi évident que pour la météorologie. On ne maîtrisera pas par exemple les changements à venir en Arctique sans cette observation ». Sébastien PANOU.

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Le 16 novembre 2012

La France dans la gouvernance des pêches de l'Océan Indien

Participation à l'Organisation Régionale de Gestion de la Pêche au Sud de l'Océan Indien :  South Indian Ocean Fisheries Agreement (SIOFA)


Pour plus d'information sur SIOFA, cliquer FAO

Projet de loi autorisant la ratification de l'accord relatif aux pêches dans le sud de l'océan indien

Accord relatif aux pêches dans le sud de l'océan Indien

Présentation des pêcheries dans l'Océan Indien et place de la France

Rapport fait au nom de la commission des affaires étrangères sur le projet de loi n° 7, autorisant la ratification de l’accord relatif aux pêches dans le sud de l’Océan Indien,

Par Serge Janquin

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 24 juillet 2012.

Pour télécharger le rapport qui présente les pêcheries françaises dans l'Océan Indien, cliquer Assemblée nationale 

Sénat - 24 octobre 2012

Examen du rapport et du texte de la commission des Affaires étrangères

La commission examine le rapport de M. André Trillard et le texte proposé par la commission pour le projet de loi n° 714 (2011-2012) autorisant la ratification de l'accord relatif aux pêches dans le sud de l'océan Indien.

M. André Trillard, rapporteur. - Monsieur le Président, mes chers collègues, vous savez que les ressources de la mer ont cessé d'apparaître inépuisables, du fait de l'augmentation des besoins d'une population en progression, qui a engendré des campagnes de pêche de plus en plus lointaines avec des équipements de plus en plus sophistiqués.

La gestion inadaptée des ressources marines vivantes et les perspectives de surexploitation, voire de disparition des stocks ont été perçues depuis longtemps pour certaines espèces, comme la baleine dans les années 30. Mais c'est surtout après 1945 que les organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) se sont développées comme un moyen privilégié pour sauvegarder des ressources menacées par la pression démographique et l'industrialisation du secteur de la pêche.

Ces ORGP sont des organisations internationales qui se consacrent à la gestion durable des ressources halieutiques dans les eaux internationales. Les règles et le mode de fonctionnement de chaque ORGP sont adaptés à sa situation géographique et à ses priorités. Il en existe deux types : certaines sont responsables des grands migrateurs comme le thon ou l'espadon, d'autres, des espèces pélagiques, c'est-à-dire vivant en pleine mer, et démersales, c'est-à-dire vivant au contact du fond dans la zone marine littorale.

Vous savez que les compétences en matière de pêche ont été entièrement transférées à l'Union européenne, avec une exception pour les pays et territoires d'outre-mer non inclus dans le territoire de l'Union. L'Union européenne est déjà partie au présent accord. Dans le sud de l'océan Indien, l'Union européenne a, comme la France, le statut d'« État côtier », au titre de l'île de la Réunion, et celui d'État pêcheur car plusieurs navires battant pavillon de pays de l'Union y pratiquent la pêche. La France a la qualité pour devenir partie à l'accord, en son nom propre, aux côtés de l'Union, car les territoires d'Amsterdam et de Crozet sont des pays et territoires d'outre-mer.

Notre pays participe activement au renforcement de la gouvernance des pêches : elle est ainsi membre actif de la plupart des ORGP mondiales thonières et non thonières.

S'agissant de l'océan Indien, la France a un intérêt particulier à ratifier cet accord puisque l'insularité qui caractérise les territoires français de l'océan Indien lui confère une zone économique exclusive de 2,7 millions de km2, soit environ un quart du domaine maritime français.

L'océan Indien représente un quart des captures de la flotte de pêche française, tous poissons confondus, et de 62 % des prises de thonidés (cette proportion est de 3,5 % pour l'Atlantique, et de 1,9 % pour le Pacifique). La frontière entre sa zone économique exclusive (ZEE) et la haute mer est une des plus longues, dans la zone de compétence de l'accord : elle est donc un État côtier majeur qui doit veiller à ce que la pêche réalisée dans sa ZEE ne soit pas altérée par une surpêche qui aurait lieu en face de sa ZEE. Cet accord lui permettra de défendre ses ressources naturelles, en particulier les stocks pélagiques dits « chevauchants » (c'est-à-dire circulant entre sa ZEE et la haute mer), qui se situent majoritairement dans les eaux internationales jouxtant sa ZEE. Il lui donne également les moyens de combattre la surpêche pratiquée, en face de sa ZEE, par des États cherchant à optimiser leurs droits de pêche tant que l'accord n'est pas entré en vigueur.

Deux organismes existent déjà dans cette zone : la Commission du thon de l'océan Indien, compétente pour le thon et les espèces apparentées et couvrant les ZEE et la haute mer, et la Commission des pêches de l'océan Indien du Sud-Ouest, dont la France est membre. Mais, jusqu'à présent, aucune ORGP ne couvrait les espèces non thonières en haute mer. Le présent accord vise précisément à protéger ces espèces.

Conclu en juillet 2006 à Rome, sous l'égide de la FAO, il a pour objectif d'assurer la conservation à long terme et l'utilisation durable des ressources halieutiques dans l'océan Indien du sud-ouest par la coopération entre les Etats, et d'y promouvoir le développement durable des pêches. Cet objectif passe par le suivi de l'état des ressources halieutiques et de leur niveau d'exploitation, l'évaluation de l'impact de la pêche sur ces ressources halieutiques et le milieu marin, la coordination avec les États côtiers pour la conservation et la gestion des stocks chevauchants qui circulent entre les eaux sous juridiction de ces États et la haute mer, et l'élaboration d'un ensemble normatif visant, notamment, à éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, dite « pêche INN ».

Le budget de la future organisation, en cours de création, sera comparable à celui de l'ORGP du Pacifique Sud, soit 600 000 euros par an, dont 30 000 à la charge le la France.

Sur les onze Etats signataires (Australie, Comores, Union européenne, France, Iles Cook, Kenya, Madagascar, Maurice, Mozambique, Nouvelle-Zélande et Seychelles), quatre ratifications seulement sont intervenues à ce jour : celles des Seychelles, en 2006, de l'Union européenne en 2008, de Maurice, en 2010, et de l'Australie, en mars 2012.

La France doit ratifier cet accord qui tarde à entrer en vigueur. Je vous engage donc à l'adopter, comme l'a déjà fait l'Assemblée nationale, et à prévoir son examen en séance publique sous forme simplifiée, conformément à la décision prise par la conférence des présidents du 17 octobre dernier.

La commission adopte le projet de loi et propose son examen sous forme simplifiée en séance publique.
Source : Sénat 

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